Avec la publication de ce volume se termine la publication des Regesta Imperii pour le long et tumultueux règne d’Henri IV (1056–1106), commencée en 1984. Ce sont les trois antirois élus au cours de la querelle des Investitures qui sont traités ici, avec à chaque fois une présentation du personnage, avant les regestes proprement dits.
Malgré le silence des sources, les origines de Rodolphe de Rheinfelden ont pu être situées du côté d’une famille apparentée à la monarchie bourguignonne; son père était semble-t-il comte de Rheinfelden, à l’est de Bâle. Rodolphe obtint le duché de Souabe, peut-être en enlevant et en épousant Mathilde, la sœur d’Henri IV; puis, sans être particulièrement proche du roi, l’évêché de Worms pour son frère. Les relations entre Henri IV et Rodolphe se tendirent assez vite, et il est difficile de l’expliquer complètement. En tout cas, dès 1073 le duc était en relation épistolaire avec Grégoire VII. Des rumeurs annonçant que le roi avait l’intention de le faire assassiner accrurent le malaise, ce qui identifiait Rodolphe comme opposant. C’est donc vers lui qu’à la mi-février 1077 se tournèrent l’archevêque de Mayence, les évêques de Metz et Wurzbourg et les ducs de Bavière et de Carinthie, pour le pousser à présenter sa candidature à la royauté.
Cette invitation constitue le premier des quelque 70 regestes qui ponctuent le parcours de Rodolphe jusqu’à Hohenmölsen, entre Naumburg et Leipzig, le 15 octobre 1080, où il trouva la mort au cours d’une bataille avec les troupes d’Henri IV. Durant ces trois ans et demi, Rodolphe, si fas est illum regem nominare comme le disent les »Casus Sancti Galli« (regeste no R9), fut pratiquement toujours confiné en Saxe et ne reçut pas du pape l’appui franc et massif qu’il espérait sans doute; les mariages de ses filles avec le roi de Hongrie et le margrave Berthold (R37 et R47) montrent cependant qu’il était loin d’être isolé.
Hermann de Salm est encore moins connu que Rodolphe. Son »règne« commença par son élection le 9 août 1081 (près d’un an, donc, après la mort de Rodolphe), et se termina sans doute dans le courant de l’année 1088, par sa renonciation au titre royal et sa mort en septembre de cette même année. Mais, à part l’une ou l’autre victoire sur les partisans d’Henri IV, Hermann n’obtint pas beaucoup de succès et, lui qui était d’origine lotharingienne, ne put se maintenir vaille que vaille qu’en Saxe et Souabe.
Conrad (III) était lui parfaitement connu, puisque c’était le fils et successeur d’Henri IV, né en 1074. Il exerça sa royauté en Italie, après avoir été couronné par l’archevêque de Milan, s’être allié avec la comtesse Mathilde (et aussi avec le duc de Bavière), avoir épousé la fille du comte de Sicile, avoir rempli l’office d’écuyer auprès d’Urbain II et avoir émis quelques diplômes. Sa mort, dont on ne connaît pas la cause, en 1101 mit fin à sa carrière.
Le volume se termine par une liste d’addenda et corrigenda, assez longue mais cela s’explique par le délai écoulé depuis la publication du premier fascicule; la liste des sources et de la bibliographie et les index des personnes et des lieux.
On remerciera Gerhard Lubich d’avoir, grâce au travail accompli dans le cadre de ce livre, permis de mieux connaître les figures un peu fantomatiques de ces antirois, et de l’avoir fait, cela va de soi, dans le respect de la tradition de qualité des Regesta Imperii.
Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:
Benoît-Michel Tock, Rezension von/compte rendu de: J. F. Böhmer, Regesta Imperii. III. Salisches Haus: 1024–1125, 2. Teil: 1056–1125, 3. Abt.: Die Regesten des Kaiserreiches unter Heinrich IV. 1056 (1050)–1106, 5. Lfg.: Die Regesten Rudolfs von Rheinfelden, Hermanns von Salm und Konrads (III.). Addenda und Corrigenda, Verzeichnisse, Register. Bearbeitet von Gerhard Lubich, unter Mitwirkung von Dirk Jäckel und Matthias Weber sowie Cathrin Junker (Verzeichnisse), Lisa Klocke und Markus Keller (Register), Köln, Weimar, Wien (Böhlau) 2018, X–460 S., ISBN 978-3-412-51149-4, EUR 110,00., in: Francia-Recensio 2018/4, Mittelalter – Moyen Âge (500–1500), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2018.4.57405