La revue »Jünger-Debatte« succède aux »Jünger-Studien«, publiées à Tübingen; les six premiers numéros furent dirigés par Günter Figal et Georg Knapp et le dernier, le numéro 7 de 2015, par Georg Knapp et Dietmar Koch. Ce changement est intervenu à la suite de l’élection du nouveau conseil d’administration de la Ernst-und-Friedrich-Georg-Jünger-Gesellschaft présidé par Alexander Pschera.

Dans la courte préface de la nouvelle revue, les éditeurs se proposent d’étudier la position d’Ernst Jünger vis-à-vis du judaïsme, dans la mesure justement où cela fait débat parmi les interprètes de l’œuvre d’Ernst Jünger; les uns relevant un passage dans ses écrits politiques pouvant être taxé, à leurs yeux, d’antisémitisme, les autres soulignant au contraire, dans les mêmes écrits, sa critique et sa dénonciation de la politique raciale et antijuive du national-socialisme.

Outre le dossier consacré à cette question, la revue contient une rubrique regroupant deux articles plus généraux et le compte rendu d’Alexander Pschera des derniers livres parus concernant l’œuvre de Jünger, les dernières correspondances éditées et d’autres livres pouvant être mis en relation avec la production littéraire d’Ernst Jünger. Une place est ensuite accordée à la recherche en archives en livrant les résultats de l’étude de diverses correspondances. Pour finir, Nicolai Riedel établit l’inventaire des traductions des livres d’Ernst Jünger publiées dans le monde de 1996 à 2016.

C’est un texte d’Helmuth Kiesel qui ouvre le dossier consacré aux rapports d’Ernst Jünger avec les Allemands de confession juive et le judaïsme. Dans son article, »Ernst Jüngers Verhältnis zu Juden und zum Judentum. Ein historischer Überblick«, l’auteur souligne d’emblée que le résultat de cette recherche ne peut être définitif, divers textes, documents et correspondances d’Ernst Jünger n’ayant pas été encore ouverts à la recherche. De nouvelles études pourraient apporter d’autres informations sur le même sujet. Helmuth Kiesel souligne également la nécessité de replacer les écrits d’Ernst Jünger dans le contexte historique où ils ont vu le jour. Après s’être livré à une étude terminologique et historique rapide sur les juifs en Allemagne, il cherche dans un premier temps à savoir quels furent les contacts d’Ernst Jünger, dès son plus jeune âge, avec la communauté israélite.

La façon dont Jünger évoque plus tard dans ses textes les Allemands de confession juive qu’il a rencontrés est plutôt banale. Les phrases et tournures employées se retrouvent d’ailleurs chez de nombreux écrivains de la même époque, comme par exemple chez Kurt Tucholsky et Arnold Zweig. Qu’en est-il de ses écrits politiques de l’entre-deux-guerres? Helmuth Kiesel, et les auteurs des deux articles suivants, Reinhard Mehring et Peter Trawny, soulignent qu’il lui était impossible dans ses écrits de faire l’impasse sur »la question juive« au centre de la propagande nazie de l’époque.

Helmuth Kiesel cite le passage d’un article d’Ernst Jünger de janvier 1930 pour la revue d’Ernst Niekisch, »Widerstand«, dans lequel Jünger rend hommage à »l’orthodoxie juive«, comme il se doit de le faire, ajoute-t-il, pour »les particularités réelles et typiques de tout peuple«. C’est la raison pour laquelle il approuve les efforts et visées du sionisme. En dépit de ces soutiens affichés, il est difficile, selon Helmuth Kiesel, de ne pas taxer aujourd’hui Ernst Jünger d’antisémitisme quand il dénie aux juifs au mois de septembre de la même année dans son article »Über Nationalismus und Judenfrage«, publié dans le journal »Süddeutsche Monatshefte«, la possibilité d’être à la fois juif et Allemand. Les articles suivants dans ce dossier reviennent sur ce point en défendant une position différente. Helmuth Kiesel indique pour finir que l’on en apprendra certainement davantage lorsque les brouillons manuscrits, ayant servi à la rédaction des »Journaux de Guerre« de la Seconde Guerre mondiale (notamment le premier et deuxième »Pariser Tagebuch«, parus dans »Strahlungen« I et II), auront été exploités par les chercheurs.

Dans l’article suivant, »Der konkrete Feind und der Übermensch. Judentum und Antisemitismus bei Schmitt, Jünger und Heidegger«, Reinhard Mehring, dès les premières lignes, refuse de loger les trois auteurs à la même enseigne; leur rapport à l’antisémitisme et au »nouveau nationalisme«, dont Ernst Jünger essaya de jeter les bases à son retour du front, est différent. Il montre des divergences inconciliables entre les positions de ces trois penseurs. Il souligne en particulier la radicalité de l’antisémitisme de Carl Schmitt, alors qu’il avait certainement perçu l’enchaînement terrible et criminel du système mis en place, ce qui est, aux yeux de Reinhard Mehring, une faute impardonnable, irrémissible.

L’attitude d’Ernst Jünger est différente dans la mesure où il utilise des critères qui lui sont propres en tant qu’ancien soldat du front. Pour lui, tout Allemand de confession juive ayant combattu sur le front fait partie de la nation. On pourrait dire qu’il est lui aussi un fils de la »Grande mère«, l’Allemagne. Cette idée devait être assez répandue chez les anciens combattants allemands puisque dans un premier temps, de 1933 à 1935, il se trouvait dans la loi sur la restauration de la fonction publique, promulguée par le pouvoir nazi le 7 avril 1933, un paragraphe instaurant un »privilège de soldats de front« (§ 3,2) qui accordait aux vétérans de confession juive le droit de rester fonctionnaire. Aux yeux de Jünger, la cause de tous les maux, est le libéralisme, voilà pourquoi il critique la propagande antisémite des nazis qui se trompe de cible. Comme l’écrit Reinhard Mehring, »Jünger intègre l’antisémitisme à sa critique du libéralisme pour l’écarter en tant qu’aspect secondaire«. Pour les mêmes raisons, Jünger critique d’ailleurs le fascisme qui n’est rien d’autre, à ses yeux, »qu’un état avancé du libéralisme«.

Ce n’est qu’en 1945 que Jünger fit la connaissance de Heidegger, alors que ce dernier s’était intéressé à ses écrits dès 1932. En 1931, Heidegger avait pris clairement parti pour Hitler et le national-socialisme. Il connaissait également le livre de Schmitt, »La Notion de politique« (1932), qu’il avait critiqué dans un de ses cours. Reinhard Mehring analyse le discours que prononça Heidegger lors de sa prise de fonction de recteur de l’université de Fribourg-en-Brisgau à la fin du mois d’avril 1933. À cette occasion, Heidegger souligne »le rôle de Nietzsche et la différence stricte entre la grandeur des débuts grecs et l’interprétation du monde chrétienne et théologique«. Pour Mehring, Heidegger se pense, tout comme Jünger, en tant qu’héritier de Nietzsche, ce qui explique leurs projections dans l’avenir tout au long de leur œuvre. Ce n’est pas le cas de Schmitt. Contrairement à lui, Jünger et Heidegger n’avaient pas un rapport théorique construit dans leur œuvre vis-à-vis du judaïsme et de l’antisémitisme. Voilà pourquoi, selon Reinhard Mehring, on ne peut classer Jünger et Heidegger, à l’inverse de Schmitt, parmi les auteurs substantiellement antisémites.

Dans son article, »Der Einzelne und das Verbrechen. Jünger, Heidegger und die Shoah«, Peter Trawny se propose d’étudier la façon dont Heidegger et Jünger, confrontés à la Shoah, ont réagi dans leur œuvre. En ce qui concerne Ernst Jünger, Peter Trawny évoque le contexte violent et révolutionnaire dans lequel il écrivait au début des années trente. Il importait certainement à Jünger d’être audible par ses lecteurs qui partageaient sa dénonciation de la République de Weimar, d’autant plus, pourrais-je ajouter, qu’il était présenté par le pouvoir nazi comme un adversaire du peuple, »un ami des juifs« (»Widerstand«, Januar 1930), tant il avait tourné en dérision les déclarations raciales et antijuives des nazis. Peter Trawny pense donc que les propos fracassants et contradictoires dans son article »Über Nationalismus und Judenfrage«, les seuls d’ailleurs que l’on peut lui reprocher pour l’instant, sont probablement à mettre sur le compte de ce que l’on appellerait aujourd’hui »sa communication«, plutôt que sur une conviction profonde.

À la lumière de la correspondance entre lui et son frère Friedrich Georg, Peter Trawny note que les deux frères s’éloignent de plus en plus du discours dominant de l’époque, dès la prise du pouvoir par Hitler. L’autre fait important, aux yeux de Trawny, est l’acquisition par Jünger des 79 volumes reprenant les écrits des Pères de l’Église début mars 1934. C’est dans son journal intitulé »Notes du Caucase« que se trouvent les réactions les plus fréquentes de Jünger confronté aux persécutions des juifs. Il y voit une malédiction causée par les avancées de la technique qui a détruit toutes les valeurs de la chevalerie. En 1940, il commence la lecture de la Bible et de l’Ancien Testament, auquel il fait allusion dans son journal. Il est possible d’y voir, selon Peter Trawny, »une solidarité symbolique avec les persécutés«. Voilà pourquoi son attitude reste »humaniste« en dénonçant le processus de déshumanisation auquel il assiste.

Tout comme Jünger, Heidegger ne s’est guère intéressé à l’antisémitisme. Les »Cahiers noirs«, les »Réflexions«, textes écrits après 1938 par Heidegger, puis d’autres jusqu’en 1948, déplacent la question de l’antisémitisme dans un domaine purement philosophique. Dans ces documents, Peter Trawny relève en quelque sorte deux types de discours chez Heidegger, certains étant inspirés par ses lectures de la propagande nazie, d’autres ayant donné lieu à une réflexion philosophique. Heidegger intègre le destin du peuple juif au système philosophique qu’il est en train d’élaborer et à la conception de l’histoire qui pourrait voir le jour.

Loin des théâtres d’opérations, Heidegger n’est pas confronté, contrairement à Jünger, aux tragédies vécues et à l’horreur, ce qui pourrait expliquer son manque d’empathie. Sa position est inverse de celle de Jünger. Alors que ce dernier refuse l’abaissement de l’homme par l’homme, Heidegger considère la bestialité comme l’autre face de l’humanité. Jünger se veut essentiellement témoin en tant qu’écrivain, Heidegger ne peut rendre compte de cette expérience qu’en l’intégrant à son opus philosophique.

L’article de Detlev Schöttker, »Ernst Jünger, Sophie Ravoux und Joseph Breitbach. Zum deutsch-jüdischen Widerstand in Paris (1941–1944)« s’intéresse aux années que Jünger passa à Paris en tant qu’officier de l’armée d’occupation. Nous connaissons bien sûr les »Journaux parisiens« publiés par Jünger dans le volume «Strahlungen« en 1949, mais Detlev Schöttker pense qu’il n’a pas tout dit au moment de la rédaction de son journal, pour des raisons évidentes, et que cela pourrait changer. Le fonds Ernst Jünger conservé au Deutsches Literaturarchiv contient en effet non seulement les pages manuscrites ayant servi à l’élaboration de son journal, conservées précieusement par l’auteur, mais également une quantité impressionnante de correspondances archivées avec soin qui permettraient de croiser les informations qu’elles contiennent au sujet de cette période parisienne avec celles livrées par Jünger dans son journal, ou même celles contenues dans ses brouillons non publiés. Detlev Schöttker espère beaucoup de ces recherches: des renseignements sur les liens de Jünger avec la résistance juive allemande à Paris, à ses risques et périls.

Les dimensions du fonds Ernst Jünger conservé au Literaturarchiv à Marbach-sur-le-Neckar sont impressionnantes: au moins 90 000 lettres adressées à Jünger par environ 5 000 expéditeurs différents, dont les noms ont été répertoriés sur une liste par ordre alphabétique. Pour Detlev Schöttker, il s’agit ni plus ni moins d’une »deuxième œuvre« jüngerienne, qui ne pourra être exploitée que par plusieurs générations de chercheurs. Selon lui, il ne faut pas attendre de Jünger dans son Journal la précision et la méticulosité de l’historien dans les faits qu’il relève. À la description de la réalité se mêlent dans ses journaux fictions et réflexions philosophiques. Les silences ont aussi un rôle à jouer.

Durant cette période parisienne, Jünger fit la connaissance de Sophie Ravoux qui avait quitté l’Allemagne dans les années 1930 en raison des racines juives de sa famille. À Paris, elle avait épousé Paul Ravoux. Sophie Ravoux et Jünger se virent pratiquement tous les jours de 1941 à 1944. Jünger parle très souvent d’elle dans son journal en lui donnant différents noms. Ces rencontres furent souvent interprétées comme celles d’une relation amoureuse, mais Detlev Schöttker évoque une possibilité supplémentaire. Paul Ravoux, le mari de Sophie, était membre de la Résistance, on peut donc penser que, par l’intermédiaire de Sophie, Jünger avait connaissance de certaines activités de la Résistance, en particulier de la résistance juive allemande à Paris, à laquelle participait également Joseph Breitbach.

Les correspondances entre Jünger et Breitbach, et Jünger et Sternberger apportent des renseignements supplémentaires sur les différents contacts qu’ils purent avoir durant cette période, sans que Jünger, pour diverses raisons, ait cru bon d’en parler dans son journal. Cela permet toutefois à une assertion d’Alfred Andersch en 1975 de prendre corps, qui rapportait dans un article les propos de Breitbach, lui affirmant que Jünger lui avait sauvé la vie, ainsi qu’à de nombreux Juifs français, en les informant des dates auxquelles les rafles devaient avoir lieu. Dans son journal, le 8 décembre 1941, Jünger note qu’il a traduit en allemand les dernières lettres des otages fusillés à Nantes, 38 membres de la Résistance. Jünger ne dit pas comment ces lettres lui sont parvenues mais il les met en relation avec Sophie Ravoux et donc, de façon indirecte, avec les activités de la Résistance. Langage chiffré contenu dans ses écrits de l’époque que Hans Blumenberg a d’ailleurs relevé1.

On pense alors à Fritz Heinsheimer qui s’était réfugié en France pour échapper aux persécutions: Gisela Aretz, qui travaillait à Paris en tant qu’infirmière pour la Wehrmacht, se chargeait de lui remettre les lettres qu’elle recevait pour lui d’Allemagne. Heinsheimer confiait ensuite ses propres lettres à Ernst Jünger, qu’il rencontrait secrètement à Paris, pour qu’il les fasse parvenir à sa femme restée en Allemagne2. Au mois de mai 1943, rappelle Detlev Schöttker, Paul Ravoux fut arrêté par la Gestapo, emprisonné à Paris durant quelques mois, puis déporté au camp de concentration de Dachau. Jünger essaya sans succès d’intervenir en s’adressant à Max Hattingen, que l’on retrouve dans les journaux sous le pseudonyme »le président«. C’est lui qui informa Jünger de l’échec de l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944. On peut déduire des notations de Jünger que Max Hattingen faisait donc partie du cercle des conspirateurs, ce qui n’a pas toujours été relevé. La correspondance entre Jünger et Sophie Ravoux après la Seconde Guerre mondiale semble confirmer que leurs rapports relevaient pour l’essentiel d’une entente secrète au service d’une résistance juive allemande.

Dans son article, »Freiheit in der Shoah, Sinn der Shoah? André Müllers kontroverse Fragen an Ernst Jünger«, Christophe Fricker s’intéresse à l’interview qu’accorda Ernst Jünger au journaliste André Müller pour le journal »Die Zeit« en 1989, et aux conversations enregistrées qu’il eut avec lui au cours de différentes rencontres. André Müller était connu pour ne pas ménager son interlocuteur. Dans les questions posées à Ernst Jünger, il essaie de le pousser dans ses derniers retranchements, il voudrait le mettre face à une impasse intellectuelle. Le détenu juif d’un camp de concentration peut-il encore conserver sa liberté lorsqu’il pénètre dans la chambre à gaz en observant la situation? Christophe Fricker montre que répondre à une telle question ne peut donner lieu qu’à de mauvaises interprétations, quelle que soit la réponse. Et il cite Primo Levi qui a abordé ce point dans son œuvre.

La Shoah et ses six millions de victimes juives a-t-elle un sens? Là encore Christophe Fricker fait intervenir les textes d’une rescapée des camps de concentration, Ruth Klüger, qui s’est exprimée sur ce sujet. Les questions d’André Müller sont une provocation alors que les réponses de Jünger ne le sont pas. Müller avait préparé son interview avec soin à partir de la lecture de livres d’Ernst Jünger dans lesquels il avait retenu et noté des phrases que, d’après Christophe Fricker, il a mal interprétées. Lorsque Müller demande à Jünger s’il est possible de garder une forme de liberté, même dans les cas extrêmes, Jünger répond par l’affirmative, mais il refuse ensuite d’en tirer les mêmes conclusions que Müller.

Comme l’explique Christophe Fricker, les questions que pose André Müller à Ernst Jünger, il y a plus de vingt ans, reflètent l’essentiel des débats de l’après-guerre en Europe de l’Ouest avec leur vision libérale et séculière, celle, pourrais-je ajouter, de l’ère dite »posthéroïque«. C’est patent lorsque Müller, voulant mettre une fois de plus l’optimisme de Jünger à rude épreuve, lui demande si la mort de son fils Ernst (dit Ernstel) en 1944 a pour lui un sens. Celui-ci répond: »Il s’est porté volontaire pour aller combattre et il a perdu la vie sur le champ de bataille. Ce n’est quand même pas dénué de sens!«

Au cours des conversations qui devaient suivre, André Müller rappela à Jünger son texte de 1930, »Über Nationalismus und Judenfrage«. 60 ans après, Jünger dit ne pas se rappeler du contenu de cet article. Il l’interprète comme une mise en garde adressée aux Allemands de confession juive, une incitation à s’éloigner de l’Allemagne nazie. On peut en douter, mais c’est peut-être exact. En 1990, Jünger invita André Müller chez lui à Wilflingen. L’édition de ses œuvres complètes était en préparation et il voulait avoir son avis sur la possibilité d’intégrer ce texte à ses œuvres complètes. Müller le lui déconseilla. Ce n’est qu’en 2001, après sa mort, que ses textes politiques furent publiés.

À la suite de ces rencontres avec Ernst Jünger, André Müller intervint dans les médias pour prendre la défense d’Ernst Jünger lorsqu’il était accusé d’antisémitisme. Il lui semblait, certainement à juste titre, que ce faux débat ne permettait pas de poser les questions essentielles sur l’œuvre d’Ernst Jünger et il se plaignait que personne ne lui en fasse la demande. Christophe Fricker, qui a écouté les enregistrements des conversations entre Jünger et Müller et lu les transcriptions, dit ne pas avoir l’impression que Jünger cherche à cacher ce qu’il pense. »Il semble à vrai dire surtout consterné« par la teneur de l’échange.

C’est sur cet article que se clôt le dossier consacré aux rapports d’Ernst Jünger avec le Judaïsme.

Eckhardt Köhn dans son article »Warten auf ein ›leitendes Wort‹. Zur Wirkungsgeschichte von Ernst Jüngers Erzählung »Afrikanische Spiele« (1936)« s’interroge sur l’accueil que réserva le public au récit d’Ernst Jünger »Jeux africains«. Contrairement aux autres livres d’Ernst Jünger,» Jeux Africains« n’a guère suscité de nombreux commentaires et interprétations, ce qui est avéré si l’on excepte en France les travaux de François Poncet. Köhn évoque quant à lui Maurice Blanchot. En s’appuyant sur le parcours d’Ernst Jünger dans l’entre-deux-guerres, Eckhardt Köhn tente de donner une explication à cet état de fait qui a occulté d’après lui la portée politique du livre au moment précis où il fut publié. Il se réfère pour cela à de nombreux témoignages, dont celui d’Alexander Mitscherlich, qui, dans son autobiographie, évoque la mouvance autour de la personnalité d’Ernst Jünger.

Le jeune Mitscherlich, contrairement à d’autres jeunes gens qui voyaient en Jünger un chef charismatique politique, appréciait quant à lui l’homme qui l’accompagnait dans le Jardin botanique de Dahlem, tout en lui parlant de son dernier livre. On ne mesure plus aujourd’hui, selon Eckhardt Köhn, à quel point Jünger fut influent dans les mouvements de jeunesse allemands au cours des années vingt. Ces nombreux groupements de jeunesse étaient certes différents, leurs attentes souvent confuses, mais ils étaient tous à la recherche d’un chef charismatique qui leur donnerait, en quelque sorte, »une voie à suivre«, ce qui a été confirmé en 1935 par Gottfried Benn, et même plus tard par Gerhard Loose. Dans son âge tendre, Jünger avait fait partie du mouvement de jeunesse des Wandervögel, il connaissait donc leur fonctionnement, de plus, il éditait depuis 1928 la revue »Die Kommenden«, destinée aux générations à venir, si bien que, selon Köhn, il était tout à fait conscient de ce rôle que l’on attendait de lui. Siegfried Krakauer considérait d’ailleurs en 1932 que Jünger était »le porte-parole« d’une jeunesse allemande qui ne tarda pas à succomber à l’appel des sirènes du national-socialisme, alors que pourtant, écrit-il, »les cercles autour de Jünger, Hielscher et Schauwecker« se tenaient à l’écart. En 1957, Gerhard Loose revint sur la publication des »Jeux africains« en 1936 et sur l’étonnement que ce livre provoqua chez beaucoup de ses contemporains. À ses yeux, dans ce livre, »Jünger tourne le dos à la politique«, et il ajoute »même les partisans d’Ernst Jünger, qui avaient attendu de lui une voie à suivre, durent se contenter au lieu de cela ›d’une recherche du temps perdu‹«. Hans Blumenberg évoqua de même en 1950 »un tournant inattendu« chez Ernst Jünger dans la deuxième moitié des années trente, tournant qui, à ses yeux, »fait partie des événements les plus importants ayant marqué l’histoire allemande des idées au cours des décennies passées«.

D’une manière générale, ce livre déconcerta la critique qui ne sut qu’en penser. Comme on le sait, à leur arrivée au pouvoir les nazis s’empressèrent de réorienter le culte de la commémoration des morts de la Grande Guerre, prétendument négligé par la République de Weimar dans le but de lutter contre le militarisme. Les premiers livres d’Ernst Jünger furent alors exploités indûment dans cette optique. Ernst aussi bien que Friedrich Georg Jünger, pourrait-on ajouter, dénoncèrent, chacun à sa façon, cette instrumentalisation des textes de guerre à des fins qu’ils réprouvaient. Friedrich Georg en écrivant le poème »Der Mohn« (»Pavot«), (publié dans »Widerstand«, 1934), Ernst en écrivant »Jeux africains«, l’histoire d’un antihéros.

Eckhardt Köhn rappelle que les cinq premiers chapitres de ce livre furent d’abord publiés dans la revue »Corona« de Zürich, éditée par Martin Bodmer et Herbert Steiner, destinée aux écrivains allemands en exil. On pense alors au poème de Friedrich Georg Jünger, »Der Mohn«, repris également dans une revue destinée aux exilés allemands (»Das neue Tage-Buch«, Paris, Amsterdam 1936), dont la lecture époustoufla Thomas Mann. Selon Eckhardt Köhn, Ernst Jünger souhaitait montrer de cette manière qu’il avait définitivement laissé derrière lui ce qu’il appellera plus tard, »son Ancien Testament«, ses premiers textes. Parmi les écrivains émigrés qui reçurent ce message, Eckardt Köhn cite Karl O. Paetel qui, en 1946, publia le livre »Ernst Jünger. Die Wandlung eines deutschen Dichters und Patrioten« (»Ernst Jünger. La métamorphose d’un écrivain et d’un patriote allemand«). À sa sortie, »Jeux africains« fut qualifié, d’une manière générale, de »livre pour la jeunesse«. Certes, apparemment, le récit se concentre sur l’aventure peu glorieuse d’un jeune homme voulant faire une escapade au soleil. Mais, à y regarder de plus près, le livre peut aussi se lire comme une mise en garde adressée à celui tenté par une autre sorte d’aventure, celle que lui faisait miroiter le pouvoir nazi et, à ce titre, l’avertissement ne s’adressait pas uniquement à la jeunesse.

Dans le dernier article du recueil, Matthias Schöning s’interroge dans son article »Autorname und Eigenname. Ernst Jüngers Polyvalenz« sur les rapports, dans le cas précis de Jünger, entre l’écrivain et sa vie. Pour commencer, Schöning essaie d’imaginer en quoi pourrait bien consister la recherche sur l’œuvre d’Ernst Jünger dans le futur. Selon lui, les textes de Jünger écrits dans l’entre-deux-guerres continueront à intéresser les chercheurs, en raison de leur importance historique. Ils pourront aussi être comparés à d’autres écrits de cette période qui passionne toujours autant le public.

»Orages d’acier«, comme point de départ de ces études, pourrait bien devenir un classique de la littérature du XXe siècle, d’autant plus que les livres récents consacrés à cet ouvrage par Helmuth Kiesel ont préparé le terrain pour des recherches futures qui peuvent être menées à partir de différentes perspectives. Selon Matthias Schöning, une œuvre a d’autant plus de chances de devenir un classique qu’il s’établit un rapport long et durable entre l’histoire de la vie de l’auteur et ses textes. Il pourrait donc se produire au cours du temps »une normalisation« de l’auteur Ernst Jünger, accompagnée de vives réactions chez certains lecteurs qui réprouveraient une telle »normalisation«, mais au final cela ne devrait pas nuire à la recherche sur l’œuvre jüngerienne, bien au contraire. On peut donc parler d’une position particulière de l’opus d’Ernst Jünger dans l’histoire contemporaine de la littérature allemande. En fin de compte, elle éveille un intérêt certain pour les questions fondamentales se ramenant à ce domaine.

Les dimensions exceptionnelles des archives abritées au Deutsches Literaturarchiv devraient intéresser et occuper des générations de chercheurs. Ernst Jünger ayant brûlé ses correspondances à l’arrivée au pouvoir des nazis et ensuite en 1945, l’essentiel des archives est constitué de lettres et textes remontant aux années d’après-guerre, jusqu’à sa mort, en 1998. La recherche se concentrera donc forcément sur la production littéraire tardive de l’auteur alors que, jusqu’ici, c’était le contraire. Cela entraînera, selon Matthias Schöning, une évolution de l’image de l’auteur dans le public; en Allemagne, pourrait-on ajouter, pour les lecteurs français, cela ne devrait pas changer grand-chose.

Jünger ayant souhaité ne pas se séparer de ces documents, on peut donc penser qu’il mettait en œuvre une »Werkpolitik« (Steffen Martus), une stratégie dans l’organisation de l’ensemble de son opus. Dans cet ordre d’idées, on pourrait le rapprocher d’auteurs français, tel Chateaubriand qui, comme lui, revenait sans cesse sur ses écrits pour les corriger, les améliorer, et de Balzac, très soucieux du classement et de l’organisation de ses œuvres complètes. Selon Matthias Schöning, les nouvelles recherches entreprises pourraient mettre en lumière les ressorts de la démarche de Jünger et permettre ainsi d’avoir une nouvelle vision de l’ensemble de son œuvre en vérifiant dans quelle mesure on peut distinguer des failles et des retournements à l’intérieur de ses écrits.

En utilisant les notions de »nom d’auteur« et de »nom propre«, telles qu’elles furent définies par Michel Foucault en 1969 dans un article du Bulletin de la Société française de philosophie: »Qu’est qu’un auteur?«, Matthias Schöning propose ensuite deux thèses pour tenter d’expliquer les transformations de l’auteur et de son œuvre au cours de sa vie. Cela permet de montrer la difficulté de séparer le vécu de l’homme de la transcription de ce vécu par l’auteur sans que l’on puisse pourtant les assimiler. Plus l’expérience initiale est traumatisante, plus il lui est difficile de s’en dégager, puisqu’elle est le moteur initial de son inspiration d’écrivain. Par comparaison, en s’appuyant sur la place que réserve l’histoire de la littérature allemande à certains auteurs, comme Kleist, Matthias Schöning est »optimiste« quant à l’avenir de la recherche concernant les principaux textes d’Ernst Jünger.

Alexander Pschera rend compte ensuite des parutions récentes, des correspondances et des ouvrages destinés à la recherche. Il s’agit d’abord d’un recueil des écrits autobiographiques de la Première Guerre mondiale, édité par Helmuth Kiesel3. Pschera signale également la publication de textes d’Ernst Jünger en livres de poche: »In Stahlgewittern«, »Afrikanische Spiele«, »Der Arbeiter«, »Auf den Marmorklippen«, »Der Waldgang«, »Gläserne Bienen«. Notons qu’en France, ces textes de Jünger traduits en français, sont depuis bien longtemps dans la collection du livre de poche. Dans les années 80, il était plus facile et moins cher de lire Ernst Jünger en français plutôt qu’en allemand. Certaines de ces nouvelles éditions en Allemagne contiennent une préface ou une postface écrite par un universitaire ou par un écrivain contemporain4. Alexander Pschera mentionne aussi la parution du deuxième volume de Nicolai Riedel consacré à l’immense bibliographie des œuvres d’Ernst Jünger, faisant suite au premier volume qui concernait les années allant de 1928 à 20025. Aux livres sur l’œuvre d’Ernst Jünger, on peut associer ceux évoquant des figures de la même époque et des présentations plus générales de la littérature allemande de la première moitié du XXe siècle6.

Les autres contributions de la revue qui ne font pas partie du dossier, sont également tirées des archives, dont »In Beurteilung der Schandtaten. Aus dem Briefwechsel (1962–1974)«, un extrait d’une trentaine de pages tiré de la correspondance entre Ernst Jünger et Joseph Wulf, introduit et commenté par Detlev Schöttker et Anja Hübner. La correspondance devrait être publiée in extenso en 2019. Joseph Wulf prit contact avec Ernst Jünger pour la première fois en 1962 et il correspondit avec lui jusqu’à sa mort en 1974. Wulf est connu comme étant »le pionnier de la documentation sur les crimes nazis«. Il consacra sa vie et ses recherches d’historien à l’étude de la persécution des juifs par le national-socialisme et à l’Holocauste. De son vivant, il se situait en marge des recherches officielles dans ce domaine, ce qui ne le découragea pas. On ne pourrait guère imaginer parcours de vie plus différent: un ancien officier de la Wehrmacht et un Allemand juif persécuté, interné à Auschwitz, où sa famille et ses proches furent assassinés.

Pourtant les lettres témoignent d’un rapprochement entre les deux hommes, qui essaient de mieux se comprendre, en lisant leurs livres respectifs. Pour la recherche sur l’œuvre d’Ernst Jünger, le jugement que porte Wulf sur Jünger et son œuvre est précieux, car il s’agit de l’un de ses contemporains. Sa connaissance du contexte historique, irremplaçable, indépassable, lui permet de porter un jugement authentique sur Ernst Jünger, dénué de considérations idéologiques intempestives. Wulf voit en lui, parmi les auteurs ayant écrit sous le Troisième Reich, le meilleur représentant de »l’exil intérieur« (innere Emigration). Il prend d’ailleurs contact avec lui, pour la première fois, le 16 décembre 1962, après avoir lu dans le livre d’Armin Mohler, »Die Schleife«, la lettre qu’envoya Jünger le 14 juin 1934 au »Völkischer Beobachter«, l’organe de presse nazi. Jünger se plaignait et refusait qu’on le fît apparaître comme un collaborateur du journal, ce qu’il n’était pas, alors que sa lettre du 18 novembre 1933, adressée à l’Académie des écrivains, dans laquelle il refusait le siège que le pouvoir nazi lui proposait, avait été passée sous silence.

Le 10 janvier 1963, Joseph Wulf écrit d’ailleurs à Ernst Jünger, que cette période de sa vie s’étendant de 1934 à la fin de la guerre est pour lui »le symbole de l’exil intérieur d’un écrivain dans un État totalitaire«. Le 8 septembre 1964, après qu’une rencontre entre les deux couples a eu lieu, Wulf écrit à Jünger qu’il décèle dans sa création littéraire »une base profondément humaine«, une des raisons, à ses yeux, de leur rapprochement spirituel. Jünger, quant à lui, admire la grandeur d’âme de Wulf qui cherche à rester le plus objectif possible, le plus neutre possible dans ses recherches, en ne faisant pas intervenir son expérience épouvantable du camp d’extermination d’Auschwitz.

Le 26 août 1966, Jünger lui écrit qu’il ne sait pas si lui-même aurait été capable de cette hauteur de vue si son fils Ernst avait été assassiné, »ce qui aurait été tout à fait possible«. On sait qu’il fut arrêté pour avoir tenu des propos hostiles au régime et ensuite envoyé en mission militaire au cours de laquelle il trouva la mort en 1944. Dans la lettre du 21 janvier 1965, Joseph Wulf rend hommage à l’archevêque de Lyon, Pierre-Marie Gerlier, qui a sauvé des milliers de vies en prenant le parti de la Résistance. Les réflexions des deux hommes sur cette période de l’Histoire ont valeur de témoignages, en particulier lorsque Jünger dénonce dans sa lettre du 2 avril 1966, »la lâcheté générale qui a ouvert les vannes à la brutalité«, pour lui, ce fut »la condition préalable ayant entraîné la catastrophe«. À la fin du texte figure le fac-similé de l’attestation du Jüdischer Nationalfonds e. V. indiquant que des arbres furent plantés en Israël en l’honneur de Mme Jenta Wulf, décédée le 28 août 1973, à la demande d’Ernst Jünger. Cette correspondance conservée au Deutsches Literaturarchiv nous montre le grand intérêt des documents faisant partie du fonds Ernst Jünger, non seulement pour la recherche sur l’auteur, mais aussi pour la recherche en histoire.

Dans la contribution suivante, »Jean Schlumberger, Versuch einer Klarstellung (1945)«, se trouvent deux lettres de Joseph Breitbach adressées à Ernst Jünger en 1951 et sa réponse de la même année, faisant partie du fonds Ernst Jünger. Ces lettres sont publiées pour la première fois, introduites et commentées par Wolfgang Mettmann, Alexander Pschera et Detlev Schöttker. Elles se situent à la suite de leur traduction en allemand d’un article de Jean Schlumberger figurant en 1945 dans la revue »Terre des Hommes«. Dans ce texte, il était question de l’attitude des écrivains allemands vis-à-vis du national-socialisme, en particulier de celles de Thomas Mann et d’Ernst Jünger. Le paragraphe de ce texte qui lui était consacré avait contrarié ce dernier.

Dans ses lettres, Joseph Breitbach tente de lui expliquer les véritables intentions de Schlumberger lorsqu’il rédigea son article dans le contexte historique très spécial de la Libération à Paris; en fait, Schlumberger n’aurait eu d’autre but que de le protéger. L’irritation d’Ernst Jünger est perceptible, qui n’est d’ailleurs pas uniquement causée par le texte de Schlumberger. Quoiqu’il en soit, en février 1969, Jünger fit paraître un article dans la »Frankfurter Allgemeine Zeitung« dans lequel il était question d’une visite qu’il avait rendue à Schlumberger à Paris en 1967, texte qui fut repris dans la »Nouvelle Revue française« en 1969, consacrée à Jean Schlumberger, décédé à Paris en 1968. En 1978, Jünger inclut ce texte dans l’édition de ses œuvres complètes, lui assurant ainsi la pérennité.

Niklas Dechert et Reinhard Mehring dans leur article »Ernst Jünger/Carl Schmitt. Widmungen in Büchern« introduisent un florilège des dédicaces relevées sur les livres envoyés par Jünger à Schmitt et réciproquement. La correspondance entre les deux n’a pas encore révélé tous ses secrets, certains documents restent à exploiter. Les dédicaces nous donnent un aperçu de l’échange intellectuel entre les deux hommes. Les allusions à l’actualité et aux livres cités en référence sont décryptées par les éditeurs qui ont inclus à leur article les fac-similés de certaines pages des livres retenus.

Nicolai Riedel livre la dernière contribution au volume, »Ernst Jüngers Schriften in Übersetzungen (1996–2016)«. Il donne la liste des traductions des livres d’Ernst Jünger ayant été publiées de 1996 à 2016 dans 28 langues. Si les traductions en français et en italien sont les plus nombreuses, on remarque un nombre croissant de traductions surtout en espagnol, mais aussi en russe, en polonais et en anglais.

1 Hans Blumenberg, Der Mann vom Mond. Über Ernst Jünger, Frankfurt-sur-le-Main 2007.
2 Ina Schmidt, Der Herr des Feuers. Friedrich Hielscher und sein Kreis zwischen Heidentum, neuem Nationalismus und Widerstand gegen den Nationalsozialismus, Cologne 2004.
3 Helmuth Kiesel (ed., avec la participation de Friederike Tebben), Ernst Jünger. Krieg als inneres Erlebnis. Schriften zum Ersten Weltkrieg, Stuttgart 2016.
4 Ernst Jünger, Der Waldgang. Mit einem Vorwort von Detlev Schöttker und Fotografien von Albert Renger-Patzsch. Jahresgabe 2016 des Sparkassenverbandes Westfalen-Lippe. Münster 2016; id., Späte Rache. Erzählungen. Mit einem Essay von Thomas Hettche, Stuttgart 2017; id., Subtile Jagden. Mit einem Essay von Uwe Tellkamp und Illustrationen von Walter Linsenmaier, Stuttgart 2017. Sont à signaler également l’édition de deux correspondances: Luise Rinser, Ernst Jünger, Briefwechsel 1939–1944. Mit einem einführenden Essay von Benedikt Maria Trappen, Augsbourg 2015; Armin Mohler, Lieber Chef … Briefe an Ernst Jünger 1947–1961, ed. par Erik Lehnert, Schnellroda 2016.
5 Nicolai Riedel, Ernst Jünger-Bibliographie. Wissenschaftliche und essayistische Beiträge zu seinem Werk (2003–2015), Stuttgart 2017.
6 Erik Lehnert, Friedrich Hielscher. Nationalrevolutionär, Widerständler, Heidenpriester, Paderborn 2015; Dieter Krüger, Hans Speidel und Ernst Jünger. Freundschaft und Geschichtspolitik im Zeichen der Weltkriege, Paderborn 2016; Galili Shahar (ed.), Deutsche Offiziere. Militarismus und die Akteure der Gewalt, Göttingen 2016; Thorsten Voß, Körper, Uniformen und Offiziere. Soldatische Männlichkeiten in der Literatur von Grimmelshausen und J. M. R. Lenz bis Ernst Jünger und Hermann Broch, Bielefeld 2016. Dans un autre registre: Norbert Dietka, Ernst Jünger und die bildende Kunst. Wurzbourg 2017; Rainer Waßner, Die letzte Instanz. Religion und Transzendenz in Ernst Jüngers Frühwerk. Nordhausen 2015. Pour finir, Alexander Pschera mentionne le livre du spécialiste de Kant, Steffen Dietzsch, Denkfreiheit. Über Deutsche und von Deutschem, Leipzig 2016; et celui de Helmuth Kiesel, Geschichte der deutschsprachigen Literatur 1918–1933, Munich 2017.

Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:

Danièle Beltran-Vidal, Rezension von/compte rendu de: Thomas Bantle, Alexander Pschera, Detlev Schöttker, Ernst Jünger und das Judentum, Frankfurt a. M. (Vittorio Klostermann) 2017, 256 S. (Jünger-Debatte, 1 [2017]), ISBN 978-3-465-04312-6, EUR 48,00. , in: Francia-Recensio 2019/1, 19./20. Jahrhundert – Histoire contemporaine, DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2019.1.60235