Cette étude s’inscrit d’un point de vue méthodologique dans le cadre des travaux de Reinhart Kosseleck et de l’école de Cambridge (Quentin Skinner) sur l’étude de la pensée et des concepts politico-juridiques. Elle présente une synthèse bien écrite et pédagogique de l’histoire de la liberté.

Les auteurs traitent de la liberté comme catégorie politique à travers le rapport entre l’individu et la collectivité en analysant à la fois la pensée des auteurs »classiques« de la pensée politique (Pufendorf, Kant, Herder, Marx, Marcuse, Arendt) et celle de penseurs moins étudiés (Justi, Berendt, Klein, Gentz, Otto).

Chaque analyse des théories d’un auteur est à juste titre précédée d’un paragraphe (certes un peu court) sur le contexte historique puis les auteurs étudient le concept de la liberté de divers auteurs choisis à travers des divisions structurées et ordonnées en trois parties interchangeables (»Prémisses«; »Individu et collectivité«; »Temporalités«).

Ce découpage rend la lecture agréable et permet une cohérence d’ensemble de l’ouvrage avec l’articulation du concept de la liberté dans la perspective du rapport entre individualité et collectivité. De plus, il est remarquable que les auteurs prennent en compte dans un grand nombre de thématiques les recherches les plus récentes notamment sur le libéralisme (p. 120–124) ou encore sur le concept de »républicanisme classique«.

En revanche, à l’heure de l’histoire globale, on peut regretter que les auteurs se soient limités à une perspective allemande de la liberté et à une histoire allemande de la liberté de l’époque moderne à aujourd’hui (même si les recherches anglo-saxonnes et françaises, dans une moindre mesure, sont souvent mises à profit).

D’autant plus, que ces penseurs politiques de l’époque moderne et contemporaines ont justement développé leurs réflexions sur la liberté dans un cadre transnational. Friedrich Gentz, par exemple, est le traducteur de Burke et des monarchiens (Mounier, Mallet Du Pan) et ces réflexions sur la liberté et les finances anglaises inspirées d’Adam Smith ont connu un grand écho en France, aux Pays-Bas, au Portugal. Et, on pourrait multiplier les exemples en faveur d’une analyse globale1 et transnationale du concept de »liberté« chez des auteurs allemands ou même français, anglais, et extraeuropéens (lesquels n’ont pas été traité) à l’époque moderne et contemporaine.

1 David Armitage, Foundations of Modern Intellectual Thought, Cambridge 2013.

Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:

Raphael Cahen, Rezension von/compte rendu de: Susan Richter, Angela Siebold, Urte Weeber, Was ist Freiheit? Eine historische Perspektive, Frankfurt a. M. (Campus Verlag) 2016, 337 S., 1 Abb., ISBN 978-3-593-50621-0, EUR 29,95., in: Francia-Recensio 2019/2, Frühe Neuzeit – Revolution – Empire (1500–1815), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2019.2.63002