Les efforts conjugués des »Regesta pontificum Romanorum« et de collègues espagnols ont permis la publication rapide du 5e volume de l’»Iberia Pontificia«. Conformément aux règles de la collection, ce livre propose pour chacun des deux diocèses concernés, Oviedo et Astorga, une liste détaillée des actes, voire des actions pontificales, concernant les évêques, les chapitres cathédraux, les différents monastères ou chapitres, et le cas échéant les laïcs des diocèses concernés. Chaque évêché, chaque église, fait d’abord l’objet d’une présentation historique et d’une introduction à l’histoire des archives durant les siècles écoulés.

Si les plus anciennes traces de christianisation dans la région d’Oviedo remontent au IVe siècle, la ville d’Oviedo n’apparaît qu’en 761, mais prend rapidement de l’importance puisque dès 791 elle est capitale du royaume des Asturies (jusqu’en 910/914). Ce fut l’évêque Pélage (1101–1130) qui se battit victorieusement, quelques années après la conquête de Tolède, pour obtenir le rattachement direct de son évêché à Rome. L’évêché d’Astorga en revanche était déjà mentionné en 254 dans une lettre de Cyprien de Carthage. Après le bouleversement causé par la conquête arabe, il fut restauré en 854, dépendant de l’archevêché de Braga. Toutefois au XIIe siècle une querelle émergea entre ce dernier et son voisin compostellan, qui ne fut tranchée en faveur de ce dernier qu’en 1394.

S’il y eut au haut Moyen Âge de nombreux monastères, la plupart étaient très petits et furent ensuite transformés en paroisses rurales. Est-ce pour cela? En tout cas, outre les deux évêchés et les deux chapitres cathédraux, seuls trois monastères dans le diocèse d’Oviedo et neuf dans celui d’Astorga ont reçu, à notre connaissance, des actes pontificaux; encore fut-ce en général en très petit nombre.

Ce sont au total 248 actes pontificaux (au sens large, c’est-à-dire émanant du pouvoir pontifical, ce qui inclut les légats apostoliques et les cardinaux) qui sont recensés ici, le plus ancien étant une lettre de Léon le Grand, datable de 447, adressée à Turibius, évêque d’Astorga, au sujet du priscillianisme. Le plus ancien document authentique conservé dans des archives est une lettre de Jean VIII (872–882) à Alphonse [III], roi de Galice, conservée dans les archives de la cathédrale d’Oviedo. Les plus récents datent de la fin du pontificat de Célestin III (1191–1198).

Les actes concernés portent sur les matières ecclésiastiques les plus diverses et les plus habituelles. Les conflits de juridiction entre métropoles (Braga et Compostelle) ou entre diocèses semblent cependant particulièrement nombreux, ou spécialement bien documentés. Les conflits d’autorité entre évêques et monastères ne manquent pas non plus.

La citation des actes perdus est particulièrement intéressante. Car il ne s’agit pas tant ici de privilèges qui auraient disparu au hasard de la conservation au long des siècles d’histoire, mais de lettres éphémères: or il y en a 137, soit plus de la moitié des documents recensés! Cela donne une bonne idée de l’intensité des relations écrites entre Rome et les provinces au Moyen Âge central.

L’ensemble du travail constitue donc un instrument de travail très utile à la connaissance non seulement de l’histoire régionale, mais aussi de celle de l’Église; il est malheureusement dépourvu d’index.

Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:

Benoît-Michel Tock, Rezension von/compte rendu de: Santiago Domínguez Sánchez, Daniel Berger (Hg.), Iberia Pontificia. Vol. V: Dioeceses exemptae. Dioeceses Ovetensis et Asturicensis, Göttingen (V&R) 2019, XXVI–187 S., 1 Kt., 1 Tab. (Regesta pontificum Romanorum, 5), ISBN 978-3-525-37076-6, EUR 75,00., in: Francia-Recensio 2020/2, Mittelalter – Moyen Âge (500–1500), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2020.2.73218