Ancien professeur à l’université de Trèves, Hans Hubert Anton a consacré une partie importante de ses travaux à l’histoire tardo-antique et médiévale de la ville mosellane. Les »Régestes des évêques et archevêques de Trèves« publiés en plusieurs volumes, en sont l’un des fruits les plus remarquables. En effet, la documentation sur les prélats mosellans est, certes, d’une grande richesse, mais rarement contemporaine: elle nécessite donc beaucoup de travaux préliminaires – notamment la datation des sources –, et son interprétation doit tenir compte des méthodes littéraires les plus complexes comme celles relatives à la réception des textes. Le présent volume est consacré aux 18 évêques qui portent dans la liste épiscopale les numéros 10 à 27: Mauritius, Leontius ou Legontius, Severus, Cyrillus, Jam(b)lychus, Emerus, Marus, Volusianus, Miletus, Modestus, Maximianus, Fibicius, Abrunculus, Nicetius, Rusticus, Magnericus (Magnerich), Gunderich (Gundericus), et Sabaudus.
Après avoir présenté, dans l’introduction, les évêques dans leur contexte, ainsi que les principes méthodologiques qui l’ont guidé lors de la rédaction de cet ouvrage (p. 55–75), Anton passe aux régestes au sens propre de ce terme: les sources relatives à chaque prélat sont exposées et analysées selon des catégories précises: »synopse des sources«, »l’évêque dans les sources contemporaines«, »l’évêque dans les sources plus tardives (historiographiques, hagiographiques et autres documents)«, »la vénération et le culte de l’évêque«, et »les restes matériels«. Certaines notices sont d’une importance considérable grâce à une documentation très riche, comme celle de Nicetius (p. 468–631), qui nous est bien connu à travers l’œuvre de Grégoire de Tours, d’autres sont très minces, par exemple celle d’Emerus (p. 271–275), prélat quasi-inconnu.
L’érudition d’Anton et de ses collaborateurs et la minutie avec laquelle ils ont travaillé font que ce livre s’avère être une véritable mine d’information, incontournable pour ceux qui mèneront de futures recherches sur l’histoire de Trèves au haut Moyen Âge. La bibliographie est abondante, les listes des manuscrits sont particulièrement appréciables, et malgré l’approche systématique, les éditeurs n’ont pas reculé devant l’effort d’établir un index final.
Il est évident et inévitable pour ce genre de travail que les résultats, présentés ici, ne feront pas, tous, l’unanimité, mais chaque lectrice ou lecteur averti peut se faire aisément sa propre opinion grâce à l’exposition des sources et leurs analyses qui rendent le discours très transparent. Le style parfois un peu professoral d’Anton n’est donc guère gênant quand il explique, page 272, à propos d’Emerus qu’il est le seul évêque du Ve siècle qui n’apparaisse pas dans les sources médiévales – à l’exception de la liste épiscopale –, pour affirmer ensuite, que c’est lui qui devrait constituer le lien entre l’Église romaine et l’Église franque de Trèves, et qui était donc important pour cette raison. Pour donner encore un autre exemple, Anton constate, page 60, que la Vita Ia Felicis »doit être datée au IXe siècle, contre l’opinion quasi unanime de la recherche actuelle« qui la place à la fin du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Ces remarques n’empêchent cependant en aucune manière que ces régestes s’imposeront vite, nous n’en doutons pas, comme nouvel ouvrage de référence.
Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:
Klaus Krönert, Rezension von/compte rendu de: Hans Hubert Anton (Hg.), Regesten der Bischöfe und Erzbischöfe von Trier, Bd. I, 3: Die Trierer Kirche und die Trierer Bischöfe in der ausgehenden Antike und am Beginn des Mittelalters. Bischöfe von der Wende des 4./5. Jahrhunderts bis zum Beginn des 7. Jahrhunderts. Bearbeitet von Hans Hubert Anton und Friedrich Pfeiffer, unter Mitarbeit von Sigrun Anton, Köln, Weimar, Wien (Böhlau) 2019, 790 S. (Publikation der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde, 83), ISBN 978-3-412-51527-0, EUR 100,00., in: Francia-Recensio 2021/1, Mittelalter – Moyen Âge (500–1500), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2021.1.80289