Les travaux de la Pius-Stiftung, visant à répertorier l’ensemble des actes pontificaux, se poursuivent avec la publication, en seconde édition à vrai dire, d’un volume de l’»Iberia Pontificia« consacré au diocèse de Palencia1.

Selon les règles de cette collection, le livre s’ouvre sur une liste chronologique de ces actes, conservés ou perdus, réels ou supposés. Vient ensuite pour chacun des destinataires (évêque, chapitre cathédral, abbayes et églises, clergé, laïcs) une présentation historique dense, et un regeste (avec indication des sources, éditions, bibliographie …) de chacune des lettres pontificales. L’ensemble est très riche, et d’un remarquable intérêt.

Le diocèse de Palencia apparaît au plus tard vers 530, mais on ne dispose à son sujet d’aucune documentation pontificale avant qu’il disparaisse, englouti dans le naufrage de l’Église wisigothique après l’invasion arabe de 711. Il fait l’objet de tentatives sporadiques de restauration, brièvement mentionnées dans des sources en 821 et vers 940, mais c’est vers 1030 que le roi Sanche III en décide une restauration qui s’avèrera définitive. Les premiers contacts avec la papauté sont à situer dans les années 1080, avec le début de la légation apostolique en Espagne de Richard, abbé de Saint-Victor de Marseille. En 1099 Urbain II confirmait l’appartenance du diocèse de Palencia (et de ceux d’Oviedo et León) à l’archevêché de Tolède. En 1105–1107 Pascal II confiait à l’évêque de Palencia Raymond Ier le règlement d’un conflit, et en 1116 le même pape inaugurait une série de privilèges solennels de confirmation générale en faveur de ce siège. L’importance de la ville se voit aussi au fait qu’elle accueillit des conciles, par exemple en 1100, 1113, 1129, 1148.

Le chapitre cathédral fut créé au XIe siècle, et après 1160 il comptait 60 chanoines (séculiers), sans compter 12 partionarii. La nomination de ces chanoines offrit l’occasion de conflits entre les chanoines et l’évêque. Il faut ajouter, à Palencia même, un collège de chapelains.

Les monastères et les chapitres, certains du moins, étaient eux aussi d’une grande importance: c’est autour d’eux, bien plus que des évêchés, que s’organisèrent le repeuplement et la christianisation. Comme la cathédrale, eux aussi abritèrent des conciles, comme Husillos en 1088 ou Carrión de los Condes en 1130.

Les textes conservés ou repérés portent beaucoup sur les questions de relations entre diocèses, de discipline ecclésiastique, ou sont des confirmations générales et notamment de la protection apostolique. On trouve cependant aussi des documents d’un grand intérêt sur la collecte du cens pontifical (n°43, p. 36); sur un litige durable quant à l’élection de l’abbé du chapitre de Valladolid (n° 49 sqq., p. 38); sur les abus d’un évêque d’origine monastique mais qui avait rejeté l’habit et les habitudes des moines et vivait sur un très grand pied (n° 79 sqq., p. 50); sur la création des partionarii par l’évêque, qui semble avoir eu du mal à trouver des candidats valables (n°88 sqq., p. 54); sur l’existence de fraternités de clercs (n° 110, p. 61).

L’ensemble est donc très intéressant, et a été réalisé avec beaucoup de soin. Dans son introduction, Daniel Berger a l’honnêteté de préciser que cette seconde édition, publiée six ans après la première, n’ajoute pas grand-chose à celle-ci: quatre nouveaux regestes (dont un seul pour un document conservé), un acte conservé est déclaré faux; et la bibliographie a été mise à jour, notamment en ce qui concerne l’édition des actes pontificaux pour l’Espagne réalisée par le même Daniel Berger. À l’heure des bases de données, ces quelques précisions, certes précieuses et indispensables, méritaient-elles une nouvelle édition? Videat lector!

1 Pour la première édition, voir le compte rendu de Ghislain Baury, dans: Francia-Recensio 2016/2.

Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:

Benoît-Michel Tock, Rezension von/compte rendu de: Daniel Berger (Hg.), Iberia Pontificia. Vol. III: Provincia Toletana. Dioecesis Palentina, Göttingen (Vandenhoeck & Ruprecht) 2021, XXVI–192 S. (Regesta Pontificum Romanorum), ISBN 978-3-525-35220-5, EUR 75,00., in: Francia-Recensio 2022/1, Mittelalter – Moyen Âge (500–1500), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2022.1.87445