Cette exposition s’est tenue à la suite de celle d’Autun-Chalon à l’été 2021, »Miroir du Prince, 1425–1510. La commande artistique des hauts fonctionnaires de la cour de Bourgogne«1, et s’inscrit dans la même thématique, le chancelier Rolin et sa famille ayant été de grands mécènes. À Beaune, elle a été présentée au musée des Beaux-Arts (pour la plus grande partie des objets), au musée du Vin de Bourgogne (pour l’armement) et aux Hospices.

Cet ouvrage, dirigé par Philippe George, conservateur honoraire du Trésor de la cathédrale de Liège, est hybride: à la fois recueil de courts essais de quelques pages, et catalogue (sans numéros) avec des notices de diverses longueurs, mais incomplet (par exemple manque la magnifique petite »Mise au tombeau« exposée au musée des Beaux-Arts). D’autre part, une grande partie des objets viennent des anciens Pays-Bas bourguignons (objets d’une carte, p. 16–17, mais non pas pour les duché et comté de Bourgogne).

Cet ouvrage, dédié à la mémoire de l’historien d’art belge Robert Didier, se compose donc de vingt-cinq essais. Est abordée la figure de Nicolas Rolin comme chancelier de Bourgogne-Flandre (Marc Boone), ses biens dans le Hainaut (Jean-Marie Cauchies), la memoria du chancelier (Hermann Kamp), comme bienfaiteur et mécène avec la fondation de l’Hôtel-Dieu de Beaune (Didier Sécula), son lien avec l’art des Primitifs flamands (Valentine Hendrikx et Sacha Zdanov), les réflexions de Robert Didier sur la sculpture des anciens Pays-Bas au temps de Rolin, l’art à l’Hôtel-Dieu de Beaune (Claudine Hugonnet-Berger et Bruno François), la noblesse de ses fils Guillaume, resté en Bourgogne, et Antoine, installé en Hainaut (Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb). Ajoutons les rapports des ducs de Bourgogne avec Beaune (Hervé Mouillebouche).

Au-delà des Rolin et de Beaune, il y a des contributions sur l’histoire politique avec l’ordre de la Toison d’or (Gilles Docquier), 1453 (chute de Constantinople) comme année charnière, la grande famille noble des Croÿ entre France et Bourgogne (Werner Paravicini), sur l’histoire socio-culturelle avec la révolution sexuelle du XVe siècle (Paul Vaute), le vêtement à la cour (Sophie Jolivet), l’ars nova (non entendu comme le mouvement musical, mais comme l’art de la peinture, de la sculpture et de la tapisserie) à la cour de Bourgogne (Jean-Marie Guillouët et Philippe George), l’étude de chasubles du musée de Cluny à Paris (Sophie Descatoire), d’un retable fragmentaire de Bruxelles (Bernard Descheemaeker), la Sainte Trinité (tableau et sculpture) à Saint-Pierre de Louvain (Marjan Debaene), les aigles-lutrins de Leuze (Hainaut) et Auxonne (Ludovic Nys), deux manuscrits dédiés à Philippe le Bon conservés à Valenciennes et à Roubaix (Marc Gil), le »Livre d’or« de la confrérie de Saint-Sébastien à Linkebeek (au sud de Bruxelles) et Charles le Téméraire (Dominique Vanwijnsberghe), un livre d’heures attribué à Simon Marmion qui se trouve à Turin (Simonetta Castronovo), et le palais ducal du Coudenberg à Bruxelles (Laetitia Cnockaert).

Ces essais (indiqués ici non pas dans l’ordre dans la publication) sont comme l’armature de ce livre. Les notices des objets exposés sont insérées entre eux. Il y a des documents d’archives (en rapport ou non avec les Rolin), des objets en rapport avec le dauphin Louis (futur roi Louis XI réfugié dans le Brabant), des panneaux armoyés, des tableaux (dont celui de Notre-Dame-de-Grâce à Cambrai, objet d’un pèlerinage), des miniatures, des manuscrits (dont le fascinant parchemin de Montpellier illustrant le gouvernement de Charles le Téméraire), des fragments de retable, des reliquaires, les majoliques du tombeau de Guillaume Fillastre à Saint-Omer, des tapisseries, des sculptures, surtout de pierre mais aussi de bois (le Trône de Grâce, le Christ piteux de Beaune, des Vierges de Pitié, des Mises au Tombeau, des statues de saints et saintes, de donateurs), du mobilier, des broderies, des armes, des armures, des œuvres d’art postérieures, du XVIe au XIXe siècle.

Pour avoir visité l’exposition, j’ai été marqué par les sculptures (dont certaines avaient été exposées à Autun et Chalon) et peut-être encore plus par les objets d’orfèvrerie, que nous n’avons pas l’occasion de voir souvent et de manière aussi proche.

Cet ouvrage est un beau livre, richement illustré, mais dont on peut regretter une maquette de qualité inégale, de même que pour les illustrations; manque malheureusement un index. Tout lecteur, éclairé ou universitaire, y trouvera son miel en le feuilletant et découvrant des aspects historiques ou des œuvres mal connus.

Zitationsempfehlung/Pour citer cet article:

Jacques Paviot, Rezension von/compte rendu de: Philippe George (dir.), Quand flamboyait la Toison d’or. Le Bon, le Téméraire et le Chancelier Rolin (1376–1462), Beaune (Ville & Hospices de Beaune) 2022, 250 p., ISBN 978-2-9580821-0-9, EUR 25,00., in: Francia-Recensio 2022/4, Mittelalter – Moyen Âge (500–1500), DOI: https://doi.org/10.11588/frrec.2022.4.92105