Die Jupitersäulen und die übrigen Gattungen der Votivplastik in der Civitas Ulpia Sueborum Nicrensium und ihr Kontext in der provincia Germania superior

  • Peter Noelke (Auteur)

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Résumé

Les colonnes de Jupiter font partie d’une catégorie d’ex-votos caractéristiques de certaines régions de la Germanie et de la Gaule de la 2e moitié du 1er au milieu du 3e siècle ap. J.-C.  Dès la fin du 19e siècle, la littérature a souvent abordé leur signification religieuse, mais nous n’aborderons ici que rapidement l’histoire de leur recherche. Les colonnes de Jupiter sont pour la première fois étudiées dans le contexte global de la sculpture votive – soit les sculptures, autels et reliefs votifs –, les monuments appartenant aux cultes dits orientaux n’étant pas retenus ici. Les nombreux ex-votos de la civitas Ulpia Sueborum Nicrensium avec Lopodunum–Ladenburg sa capitale sont le point de départ de cette étude. Y sont intégrées aussi les colonnes de Jupiter de la Germanie inférieure, de la Gaule, particulièrement de la Gaule Belgique, et partiellement celles de la Rhétie et de la Britannia (annexe 3). L’étude de la distribution des colonnes votives tient compte du fait que leur transmission est déformée par les réemplois et les « enfouissements » dans des puits et des fosses. On discute les différentes thèses touchant à leur interprétation en plaidant finalement pour une interprétation de la plupart des contextes comme destructions liées aux iconoclasties lors des raids alamans et francs aux 3e et 4e siècles, suivis de remplissages pour égaliser le terrain de lotissement. Mis à part Mogontiacum-Mayence, la caput provinciae, ce sont les chefs-lieux des civitates qui, en Germanie supérieure, apparaissent comme centres de la distribution des colonnes de Jupiter, suivis d’autres vici des civitates Nida–(Frankfurt-)Heddernheim et Lopodunum–Ladenburg figurent de loin en tête. Les villae rusticae y sont en net retrait, contrairement à la Germanie inférieure. Les colonnes de Jupiter ne furent guère consacrées dans des sanctuaires. Cette catégorie de monuments n’est cependant pas répartie de manière égale sur toute la province, étant rare au sud et diminuant progressivement dans le nord.
La chronologie des colonnes de Jupiter et des autres ex voto s’appuie sur les monuments consacrés, datés par des inscriptions. Les contextes archéologiques ne livrent que rarement des datations sûres. On ne peut donc se passer d’une analyse de l’évolution stylistique basée essentiellement sur les reliefs du socle principal, dit « pierre à trois ou quatre dieux ».
Le monument consacré au salut de Néron en 65 ap. J.-C. est la plus ancienne colonne de Jupiter connue actuellement, dont le type de statue au sommet, la divinité debout, peut être suivi sporadiquement jusqu’au 3e siècle. « Le Cavalier à l’anguipède » apparaît probablement à l’époque flavienne. Par contre, les rares groupes statuaires du guerrier sur un bige terrassant un anguipède, qui couronnent des colonnes de Jupiter, datent seulement du 3e siècle. Appartiennent également à cette époque les groupes représentant le couple Jupiter et Junon sur un trône. Les statues de Iuppiter Capitolinus sur un trône, qui, en Germanie inférieure, dominent dans cette catégorie dès le 2e siècle et se retrouvent aussi en Gaule Belgique, restent rares en Germanie supérieure et n’apparaissent qu’à la fin du 2e
siècle. On doit relever qu’après l’amorce d’une tradition continue des colonnes de Jupiter à l’époque flavienne et son évolution au 2e siècle le gros des anathèmes ne fut commandé qu’au 3e siècle, période à laquelle correspondent les monuments datés par une mention consulaire. Mais le 2e quart du 3e siècle affiche déjà bien moins d’ex-votos et on ne peut ignorer un nombre décroissant de colonnes et un déclin qualitatif de la sculpture au milieu du siècle. Ceci concerne également les autres catégories de la sculpture votive en Germanie
supérieure dont l’évolution est à peu près parallèle à celle des colonnes.
Lors de l’identification des ateliers de sculpteurs les difficultés méthodiques qui subsistent sont abordées lors de l’identification des ateliers de sculpteurs. On peut cependant confirmer la structure décentralisée de la création sculpturale en Germanie supérieure déjà constatée par la recherche. Des officines ont été identifiées dans les chefs-lieux de la civitas et également dans des vici. Même de petites agglomérations ont révélé des ateliers de sculpture.
On traite en détail la typologie des colonnes de Jupiter pour lesquelles la mention de columna cum signo ou columna cum statua s’est conservée à travers plusieurs inscriptions gravées sur des socles ou des autels de donateurs. Contrairement à ce qui prévaut dans la littérature, le terme de « colonne de Jupiter à l’anguipède » ne s’applique ici qu’aux monuments qui ont effectivement porté une statue de Jupiter terrassant un géant. On parlera globalement de « colonnes de Jupiter ».
Les groupes du « Cavalier à l’anguipède » au sommet des anathèmes, qui prévalent en Germanie supérieure et en Gaule, mais restent nettement minoritaires en Germanie inférieure, sont soumis à une étude approfondie. Leur évaluation est cependant ardue à cause du mauvais état de conservation de la plupart des groupes identifiés en Germanie supérieure (cf. annexe 1 pour les nouvelles découvertes dans cette province), une vingtaine d’ex-votos seulement ayant conservé la tête de Jupiter.
L’illustration du combat contre le géant offre un large éventail de solutions pour ce groupe difficile à réaliser par des sculpteurs provinciaux. Cela soulève la question de leurs modèles. On favorise ici l’hypothèse d’une influence exercée par les statues de souverains célébrant leur triomphe sur les barbares plutôt que d’une reprise des stèles funéraires de cavaliers bien connues dans les provinces germaniques.
Les conditions de conservation des socles de colonnes en forme de bloc se révélèrent relativement favorables, quoiqu’il faille distinguer les « socles principaux » des socles dits intermédiaires, qui furent souvent rajoutés. Le terme de « pierre à quatre dieux » s’est imposé pour les socles principaux, mais il faut toutefois distinguer entre blocs avec des reliefs de divinités sur les quatre faces et ceux qui affichent une dédicace sur une face et des représentations de divinités sur les trois autres : pierres à trois dieux. Environ la moitié des socles principaux connus présente la constellation Junon–Mercure–Hercule–Minerve (ou de droite à gauche Junon–Minerve–Hercule–Mercure), ce qui a mené à la création du terme erroné de « Normalreihe » (série normale) dans la littérature allemande.
Méritent une attention particulière les nombreux socles de Germanie supérieure affichant la représentation de Victoria du type Brescia (annexe 2), souvent combinée à un relief de Mars sur l’autre face. On pense que ces ex-votos, comme les statues votives de ce type en Germanie supérieure, font écho à un monument public, ou une statue cultuelle, érigée à Mayence à l’occasion de la victoire de Domitien sur les Germains.
En Germanie supérieure, les colonnes de Jupiter sont généralement munies d’un socle intermédiaire suivant la tradition du monument pro salute Neronis de Mayence, ce qui n’est pas le cas en Germanie inférieure. La face principale de ce socle polygonal ou cylindrique affiche généralement la dédicace, les autres faces étant occupées par les sept divinités de la semaine représentées entièrement ou, moins souvent, sous forme de protomes.
Quelques anathèmes, dont déjà le monument de Mayence, nous livrent la dédicace à la fois de columna et ara. Certains contextes archéologiques confirment l’existence commune de colonnes votives et d’autels dédiés à I.O.M. sans mention de dédicace d’une columna. Le nombre de ces « autels votifs » restant relativement faible, il est par contre plus difficile en Germanie supérieure de les rattacher systématiquement à l’érection de colonnes de Jupiter.
Les colonnes, appelées erronément « Schuppensäulen » (colonnes décorées d’écailles), alors que leur fût est recouvert de feuilles de laurier qui leur confèrent un caractère sacré, servent généralement de support aux statues de Jupiter sur toute l’aire de distribution de cette catégorie. Un autre type de colonne à décor végétal, observé également sur toute l’aire de distribution, présente des fûts décorés de rinceaux, surtout de feuilles de vigne. Par contre, certains anathèmes ont des fûts dénués de tout décor.
Quant aux chapiteaux de ces colonnes votives, c’est le type corinthien avec protomes, généralement les personnifications des saisons, qui domine. Les chapiteaux corinthiens reculent nettement ; les chapiteaux toscans restent rares – contrairement à leur utilisation dans l’architecture provinciale.La pratique votive dans les provinces du Nord-Ouest comporte, outre les colonnes de Jupiter, des autels votifs, parfois intitulés ara, des reliefs votifs, ainsi que des statues mentionnées parfois sous le terme de signum, simulacrum ou statua. Les autels décorés du relief de la divinité vénérée sont plutôt rares en Germanie supérieure, contrairement à la province inférieure. De nombreux reliefs votifs se chargent de répondre au besoin de représenter la divinité, dont les reliefs dits à trois figures, typiques pour la Germanie supérieure. Une divinité se tient au centre – Minerve, Fortuna, Mercure ou Vulcain – flanquée de chaque côté d’une divinité parente.
L’un des objectifs de cette étude est de comparer l’univers divin des colonnes de Jupiter avec celui des autres ex-votos de la Germanie supérieure. Ils correspondent en grande partie du point de vue nominal et iconographique, mais une analyse plus poussée montre que les ex-votos dédiés à Mercure, Apollon, Mars et Diana reflètent en partie des cultes indigènes. On trouve cependant aussi des divinités qui ne figurent pas sur les colonnes votives. Outre les divinités dites orientales, ce sont les déesses-mères et celles de la fertilité, donc des figures assises avec un enfant et une corbeille de fruits sur les genoux. Ceci vaut également pour Epona qui jouissait d’une grande popularité dans cette province. Contrairement à la Germanie inférieure, dont Epona est pratiquement absente, la province supérieure ne compte que peu d’offrandes consacrées aux Matronae ou de reliefs du type connu de la triade de déesses sur un trône.
On constate globalement que la plupart des ex-votos (colonnes, autels, reliefs, statues) furent offerts à I.O.M., Mercure figurant loin derrière. Les dimensions des colonnes de Jupiter varient fortement. Certains dons se limitent à quelque 10 pieds, plus souvent environ 11 pieds, d’autres atteignent 20 pieds, tandis que les anathèmes monumentaux mesurent jusqu’à 50 pieds (colonne de Jupiter à l’anguipède de Merten, Moselle, Gaule Belgique). Les donateurs voulaient apparemment s’attirer les meilleures faveurs du dieu et accroître leur prestige social. Les réparations attestées plusieurs fois à la suite de dommages (renovavit, restituit) témoignent de l’estime dont jouissait cette catégorie d’anathèmes.
Les donateurs sont issus surtout de la société civile et bien moins de l’armée. Les soldats et les officiers sont par contre mieux représentés dans les autres catégories de la sculpture votive en Germanie supérieure. Des femmes, en tant que seules donatrices, ne sont attestées dans la province que pour quatre ex-votos, dont une colonne de Jupiter. Malgré l’effort matériel considérable pour ériger les colonnes votives plus grandes, il ne s’agit que rarement d’offrandes consacrées de la part d’associations.
Sans oublier le haut degré de conformité des colonnes, il faut pourtant constater que l’on fit également commande de constellations divines plutôt rares, révélant les idées religieuses individuelles des donateurs. On n’a pas constaté de choix de divinités dictés par la profession, vu que les inscriptions votives n’en mentionnent guère. Il faut relever la fréquente représentation de Victoria et Mars qui font penser à un statut militaire de leurs donateurs, ce qui ne vaut pourtant que pour des cas isolés. Les sollicitations des commanditaires auprès des Dii militares sont donc motivées par des raisons plus générales, comme le besoin de protection et de sécurité dans la province frontalière.
Junon et Minerve, qui forment la triade capitoline avec la statue de Jupiter, couronnant l’ensemble, se retrouvent le plus souvent sur les colonnes votives : les reliefs du socle de la série dite normale (« Normalreihe ») et les colonnes décorées d’écailles (« Schuppensäulen ») avec les reliefs superposés des divinités. Les dieux Hercule et Mercure, qui sont également représentés, étaient vénérés au Capitole de Rome. Plusieurs capitoles ont été identifiés en
Germanie inférieure (CCAA ; CVT) et Pannonie supérieure (Savaria-Szombathely et Scarbantia‑Sopron). Les inscriptions votives ou représentations proviennent de presque toutes les provinces du Nord-Ouest (Britannia, les deux Germanies, Rhétie, Pannonie, Dacie et
Mésie inférieure, ainsi que la Gaule Belgique et la Gaule lyonnaise).
Ayant constaté une pratique du culte de la triade capitoline largement répandue auprès des militaires et de la société civile dans les provinces frontalières, on peut envisager un lien entre la vénération de la triade Jupiter–Junon–Minerve et les programmes des colonnes de Jupiter correspondantes. Les dédicants manifestaient visiblement leur attachement aux principales divinités de l’Empire et voulaient s’assurer leur protection. Il faut cependant souligner que les dédicaces s’adressent toujours à I.O.M. ou à I.O.M. et Iuno Regina. Le motif du Cavalier à l’anguipède créé en Gaule orientale et Germanie supérieure offrait un type de statue qui visualisait les représentations d’origine celtique du dieu du ciel et du temps et était largement accepté. (Traduction Yves Gautier)

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Publiée
2023-12-12
Langue
de
Mots-clés
Britannia, Epoque impériale romaine, provinces danubiennes, Germanie supérieure, chefs-lieux des civitates, Germanie inférieure, civitas Ulpia Sueborum Nicrensium, Gaule Belgique, genres de la sculpture votive, Gaule lyonnaise, chronologie de la sculpture votive, typologie des colonnes de Jupiter, Victoria du type Brescia, triade capitoline, sculpteur, ateliers, cultes étatiques, cultes autochtones, donateurs d’objets votifs